FedEx casse ses prix pour s'adapter au e-commerce

FedEx offre d’importants rabais pour séduire les e-commerçants avec son réseau aérien alors qu’il cherche à remodeler un système de livraison mal outillé face à l’essor du e-commerce.

Le géant de l’expédition, dont le contrat de livraison par avion avec Amazon va s’arrêter à la fin du mois, réduit les prix pour certains clients de son réseau Express, selon des sources qui connaissent bien la question. Ces offres incluent le service aérien garanti à J+2 au même prix que l’expédition d’articles via sa division terrestre, précisent les sources.

Ces offres visent à attirer les expéditeurs qui passent par UPS, rival de FedEx, et à les amener à abandonner l’option d’expédition historique à bas prix de FedEx Ground (NDLR : service terrestre de FedEx), selon ces sources.

FedEx est confronté à la façon dont son réseau aérien Express peut trouver sa place dans une économie de la livraison de plus en plus dominée par les commandes en ligne et ce, dans tous les domaines, du dentifrice aux T-shirts. Fred Smith, fondateur et directeur général, a mis sur pied la division Express il y a quarante ans afin d’acheminer sur de longues distances des envois tels que des documents juridiques et des fournitures médicales.

FedEx prévoit que la croissance des achats en ligne va faire doubler le nombre de colis expédiés aux Etats-Unis pour atteindre 100 millions par jour en 2026. Il tente de tirer parti de cette croissance après avoir d’abord hésité à traiter trop de ces expéditions d’e-commerce, qui dégagent une faible marge.

Une porte-parole de FedEx a déclaré que l’entreprise n’a pas changé sa politique de prix et a ajouté que le service Express à J+2 « a connu un grand succès et continue de présenter un intérêt énorme pour les PME en concurrence sur le marché du e-commerce ».

UPS est en train de refondre son réseau pour s’adapter au boom des achats en ligne, dépensant des milliards de dollars pour construire de grandes installations de tri automatisé et livrer des colis six jours par semaine.

Un porte-parole d’UPS a indiqué que l’entreprise « se bat de manière acharnée pour gagner et conserver des marchés » en proposant toute une gamme de solutions destinée à aider ses clients à atteindre leurs objectifs.

Le problème de FedEx est que son ancien réseau aérien, où les expéditeurs paient des majorations pour que les marchandises soient livrées avant 8 heures ou 10 h 30, n’a pas été conçu pour l’e-commerce.

Pour les clients qui commandent en ligne, il est plus important que les marchandises soient livrées à une date donnée qu’à une heure précise.

La révolution du e-commerce a également rapproché les centres de distribution de l’endroit où les gens vivent, réduisant ainsi le besoin d’avoir des vols rapides d’un bout à l’autre du pays pour respecter les promesses concernant la livraison. Amazon dispose d’environ 400 centres de traitement, centres de tri et plateformes aériennes aux Etats-Unis, selon les consultants de MWPVL International, spécialistes de la chaîne logistique. D’autres distributeurs utilisent les magasins des environs pour emballer et expédier leurs commandes passées en ligne, de sorte que leurs colis parcourent des dizaines, et non des centaines, de kilomètres.

FedEx s’attend à ce que les distances de livraison continuent de se réduire. « Nous savons que la grande majorité de la croissance concernera des produits emballés et livrés dans la région d’une même métropole », explique Brie Carere, directrice du marketing de FedEx, au cours d’une entrevue accordée la semaine dernière.

L’une des façons d’adapter son réseau Express est d’offrir un service appelé « Heures supplémentaires », avec lequel les chauffeurs font, tard le soir, une opération voiture-balais chez AutoZone, Best Buy, Target et autres afin de ramasser les commandes en ligne destinées aux maisons des environs. Les colis sont ensuite acheminés vers un centre de tri situé à proximité, où les paquets amenés par avion sont triés. Ils partent ensuite tous en camionnettes FedEx Express pour être livrés le lendemain.

FedEx a toujours besoin de transporter des marchandises avec ses avions, et une manière pour séduire les clients est de pratiquer des rabais. Au niveau national, ses activités Express ont déjà vu les rendements, ou le revenu moyen par colis, diminuer de 2 % pour s’établir à 17,93 dollars au troisième trimestre.

Cette situation s’explique par la baisse des expéditions différées, qui comprennent les livraisons à J+2 et J+3, mais excluent les livraisons de nuit par avion, qui sont coûteuses. Le rendement y est tombé à 14,76 dollars le colis, en baisse de 5,7 % par rapport à l’année précédente. FedEx a déclaré que cette diminution était due à des colis d’e-commerce plus légers et plus petits.

Amener les prix des expéditions par avion à un niveau proche de ce que FedEx Ground facture dans son réseau terrestre pousserait les rendements à la baisse. Le rendement de Ground était de 8,87 dollars au troisième trimestre.

Selon Satish Jindel, président de SJ Consulting Group, cabinet d’études de l’industrie du colis, l’écart entre l’expédition par service Express et par voie terrestre n’est que de 10 % pour certains poids de colis. Il n’est pas surprenant que FedEx cherche à remplir les avions avec des colis d’e-commerce à plus faible rendement au lieu de réduire sa flotte. « Chez FedEx, on se dit : “J’ai ce réseau, trouvez-moi des colis à y mettre”, au lieu de dire : “Mettons quelques avions au garage” », confie M. Jindel.

FedEx a opéré une vague de changements au cours des semaines qui ont précédé la publication de ses résultats du quatrième trimestre, qui étaient prévus pour mardi. Les nouveautés indiquent que l’entreprise se tourne vers l’établissement d’un lien plus profond avec les expéditeurs d’e-commerce. En mai, FedEx a déclaré qu’il livrerait des colis sept jours sur sept à partir de 2020 pour servir les acheteurs en ligne. Il prévoit également de sortir quelque deux millions de colis du réseau des services postaux américains et de les acheminer par ses propres moyens.

Puis, en juin, FedEx a annoncé mettre fin à son contrat d’expédition par avion avec Amazon, qui représente 1,3 % de ses revenus annuels, afin de pouvoir se concentrer davantage sur le marché plus large d’e-commerce, notamment avec les grands distributeurs comme Walmart et Walgreens Boots Alliance.

FedEx étend aussi considérablement sa présence physique avec des projets d’ouverture d’emplacements dans environ 8 000 établissements de Dollar General. Cela donne à FedEx une plus grande présence en milieu rural, où les acheteurs peuvent venir chercher et déposer leurs colis, et aussi les retourner.

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