Dans un article publié le 23 janvier, l'hebdomadaire Le Point rapporte qu'au mur de sa permanence parlementaire, Pierre-Yves Bournazel (Agir) a accroché un portrait sérigraphié de Jacques Chirac, portant la mention "Ici c'est la Corrèze".
Natif de Riom-ès-Montagnes dans le Cantal, Pierre-Yves Bournazel a passé son enfance à Tulle, en Corrèze, avant de "monter" à Paris. En 2017, il a réussi la prouesse d'arracher le dix-huitième arrondissement au PS, avec le soutien affiché d'Edouard Philippe.
Son prochain défi : les municipales de 2020 à Paris, ville dont il est un conseiller municipal d'opposition, même s'il ne fait plus partie des Républicains. Il n'est pas encore officiellement candidat mais s'active pour bâtir une nouvelle "offre politique" capable de faire le lien entre la droite et les macronistes.
Voilà comment Pierre-Yves Bournazel compte conquérir la mairie de Paris.
En construisant "une offre parisienne inédite"
Pierre-Yves Bournazel veut "rassembler des hommes et femmes venus d'horizons politique différents et qui sont d'accord sur les solutions" à mettre en oeuvre pour Paris. "L'offre que je propose est inédite car je pense qu'on ne peut plus regarder la société d'aujourd'hui avec les lunettes des années 1990, voire même des années 2000 et du clivage gauche-droite qui est dépassé, estime-t-il. De nouveaux clivages sont en train d'apparaître et il faut qu'on soit en capacité de dépasser les questions partisanes pour défendre d'abord l'intérêt général."
Pierre-Yves Bournazel, de Favars (Corrèze) à Paris
Ce qu'il pense d'Anne Hidalgo, l'actuelle maire de Paris ? "Sa méthode de travail a été trop verticale et trop centralisée. Je veux inventer une méthode plus horizontale, plus en lien avec celles et ceux qui font Paris dans tous les domaines. On ne peut pas avoir raison seul contre tous les autres à tout moment."
On doit puiser dans l'intelligence collective. On a vu la vie des Parisiens se dégrader : la propreté des rues, l'espace public est devenu assez difficile. Moi je souhaite apaiser tout cela.
Cette semaine, Anne Hidalgo l'a pris de cours en se prononçant pour la création d'une police municipale à Paris en 2020. "En 2013, j'étais le premier à dire qu'il fallait en créer une pour prendre en charge la prévention mais aussi la répression de la petite délinquance et des incivilités, rappelle-t-il. Aujourd'hui Paris est une ville en chantier permanent, il faut mieux hiérarchiser les travaux. Et puis il y a un axe prioritaire pour moi, c'est la vision de la ville durable. La priorité sur l'écologie, cela doit dépasser tous les clivages."
En se servant de ses racines corréziennes
"Je suis issu de la droite modérée", ne cesse de répéter Pierre-Yves Bournazel. Pendant la primaire de la droite, il était le porte-parole d'Alain Juppé qui a, comme lui, depuis rendu sa carte des Républicains. "Je suis profondément européen, avec un engagement humaniste très fort. Cet engagement est né de mes rencontres, mais aussi de l'éducation que j'ai reçue et il est vrai que la Corrèze est une terre de modération où les valeurs républicaines et humanistes sont fortes. Quand je discute avec des amis corréziens, de droite ou de gauche, on retrouve des idéaux communs."
"J'aime Paris, mais je sais d'où je viens, rappelle Pierre-Yves Bournazel. Je suis né dans le Cantal à Riom-es-Montagne, j'ai vécu en Corrèze jusqu'à mes dix-huit ans, j'y reviens plusieurs fois par an pour voir ma famille, pour faire de grandes randonnées mais aussi retrouver des personnes que j'apprécie, revoir les lieux que j'aime dans la campagne à Tulle, Brive. J'aime manger une omelette aux cèpes chez Françoise à Meymac. Je suis attaché à la Corrèze comme au Cantal."
En s'inspirant de Jacques Chirac...
Pierre-Yves Bournazel confie avoir "beaucoup d'admiration pour Jacques Chirac, son parcours, son humanisme et pour un certain nombre d'engagements qui sont essentiels." Il cite notamment son discours de Villepinte en 2002, "dans lequel il dénonçait l'extrémisme et la trahison de l'extrême droite vis à vis de la République ou celui de Johannesburg, la même année, où l'ancien président avait évoqué "notre maison qui brûle".
L’autre Corrézien qui voulait conquérir Paris
Pierre-Yves Bournazel le Corrézien imagine-t-il une trajectoire à la Jacques Chirac, qui fut maire de Paris pendant dix-huit ans entre 1977 et 1995 ? "C'est une autre histoire, répond-il. Paris et les Parisiens ont évolué, je suis dans mon style et ma génération. Il n'y a pas de comparaison possible."
... mais aussi de François Hollande
Issu du centre-droit, Pierre-Yves Bournazel affirme avoir "toujours eu beaucoup de respect pour François Hollande. Quand j'étais jeune, il était mon député. C'était un homme affable et nous sommes toujours restés en contact. Il m'a dédicacé son livre, j'ai reçu ses vœux. Quand il a quitté ses fonctions de président, je suis allé le voir dans ses bureaux de la rue de Rivoli et nous avons passé une heure et demi ensemble. Nous avons échangé, nous avons évidemment parlé de la Corrèze, et c'était à la fois un plaisir et un honneur pour moi. Nous avons des divergences mais aussi des convergences : l'humanisme et une vision européenne."
Tanguy Ollivier