La RBA abaisse ses prévisions de croissance, inquiète sur l'immobilier

SYDNEY, 8 février (Reuters) - Le retournement brutal du marché immobilier australien est devenu une incertitude "majeure", a averti vendredi la Banque d'Australie, tout en dégradant ses prévisions de croissance et d'inflation, signe que sa politique monétaire pourrait rester accommodante encore un long moment.

Dans son communiqué de politique monétaire, la banque centrale australienne (Reserve Bank of Australia, RBA) prévoit que l'inflation sous-jacente restera inférieure à son objectif de 2-3% jusqu'à la mi-2021, en raison de la progression très lente des salaires.

Les perspectives sur la consommation demeurent une source importante d'incertitudes, ce qui a conduit la RBA à revoir sa prévision de croissance économique à 3,0% cette année et 2,7% d'ici 2021.

En novembre, la banque centrale prévoyait encore 3,3% de croissance cette année et 3,0% pour l'an prochain.

L'abaissement de ces prévisions a fait tomber le dollar asustralien à un plus bas de cinq semaines tandis que le contrat sur l'emprunt d'Etat à trois ans a grimpé à son plus haut niveau depuis novembre 2016.

Les contrats à terme sur les taux suggèrent désormais une baisse de 25 points de base du taux d'intérêt, à 1,25%, cette année et une petite probabilité d'une nouvelle baisse l'an prochain.

"La dégradation dans le communiqué publié aujourd'hui est plus importante que ce que nous avions anticipé", indique Tom Kennedy, analyste chez JPMorgan.

"Je pense que c'est sûrement le contexte immobilier qui les a fait passer d'un optimisme équilibré à un sentiment plus négatif".

La RBA a laissé inchangé ses taux d'intérêt à 1,5% depuis août 2016 et répété depuis que le prochain mouvement serait une hausse.

Mais mercredi, le gouverneur de la RBA a surpris les investisseurs en rompant avec son biais haussier et en ouvrant la porte à une baisse de taux, prenant acte de la montée des risques entourant la croissance économique.

 

LA TRAJECTOIRE DES TAUX INCERTAINE

Vendredi, Philip Lowe a de nouveau jugé que des progrès supplémentaires sur une réduction du chômage et une hausse de l'inflation vers l'objectif pouvaient "raisonnablement être attendus".

"Si ce scénario devait se réaliser, une hausse des taux d'intérêt deviendrait appropriée à un moment donné", a-t-il dit.

Toutefois, "s'il devait y avoir une augmentation continue du chômage et aucune avancée de l'inflation vers l'objectif, il serait alors approprié d'abaisser le taux d'intérêt".

La probabilité qu'une de ces deux hypothèses se réalise est "plus équilibrée" qu'anticipé auparavant, a ajouté Philip Lowe, ajoutant que le conseil de la RBA ne voyait pas d'incitations fortes à modifier les taux d'intérêt à court terme.

La correction en cours du marché immobilier, qui intervient sur fond d'endettement record des ménages, a renforcé les incertitudes sur les perspectives de croissance, ce qui a poussé la RBA à adopter un ton plus prudent sur sa politique monétaire.

Les prix de l'immobilier en Australie ont augmenté de près de 50% sur les cinq dernières années jusqu'à septembre 2017. Ils ont depuis reculé de 8% en raison d'une réglementation plus strict sur les prêts et d'une offre surabondante.

"Les conséquences de la correction du marché immobilier pour l'économie en général dépend de la façon dont les ménages réagissent, et notamment comment ils prennent en compte les augmentations précédentes dans leurs décisions de dépenses", a déclaré le gouverneur de la RBA, Philip Lowe.

"Les perspectives sur la croissance de la consommation repose sur un rebond de la progression des revenus des ménages, qui soit suffisant pour compenser la baisse des dépenses des ménages en réponse au repli des prix de l'immobilier".

La hausse des salaires en Australie a légèrement rebondi par rapport à plus bas de 1,9%, mais elle devrait rester proche de ses niveaux actuels pour les années sous revue.

Philip Lowe garde l'espoir d'un rebond de la consommation grâce à la vigueur récente du marché du travail, mais ses prévisions signalent une croissance modérée des dépenses de consommation, autour de 2,5% à 2,7% d'ici 2021, contre un niveau compris entre 4% et 6% avant la crise financière mondiale. (Swati Pandey, Blandine Hénault pour le service français, édité par Patrick Vignal)