L'inquiétude et l'incompréhension montent au sein des salariés FedEx sur l'aéroport de Roissy. Il y a une semaine, ces derniers ont eu la surprise de voir arriver en bus sur leur site, le plus grand hub du transporteur américain en dehors des États-Unis, des personnels n'appartenant pas aux équipes habituelles. « Nous avons découvert que ce sont des salariés de FedEx, mais surtout de TNT Express ( société rachetée par le géant américain l'an dernier ) venant d'Angleterre, d'Espagne, d'Allemagne et même d'Estonie, auxquels s'ajoutent quelques Français. Ils étaient 125 la semaine dernière nourris, blanchis et logés au Hilton! » dénonce Collin Serin, secrétaire général FO chez FedEx.
« Personne n'était au courant, même pas les partenaires sociaux ! Et mes questions à la direction sont restées sans réponse », s'insurge Anthony Renaud, délégué syndical Unsa au sein de FedEx. Pour les syndicats, cette situation pose plusieurs questions. « Les salariés TNT n'ont pas les mêmes contrats, ni la même convention que nous. Ils dépendent des routiers quand nous relevons d'aérien, des personnels au sol. De plus, pour travailler sur le hub, il faut une formation spécifique obligatoire et renouvelée tous les ans. Qu'en est-il pour ces renforts ? On appelle ça des travailleurs détachés (NDLR : lorsqu'une entreprise européenne envoie temporairement ses salariés en mission dans d'autres pays de l'UE, en respectant le salaire minimum du pays d'accueil, mais en payant les cotisations sociales dans le pays d'origine). C'est un vrai problème », poursuit le syndicaliste.
LP/Olivier Corsan
FedEx assure que « tout a été fait selon les règles et que toutes les informations nécessaires ont été fournies aux employés du hub FedEx CDG ». Selon le groupe, ce dispositif répond aux « plans d'urgence » lancés après la cyberattaque du 28 juin, connue sous le nom de Petya, qui a touché les opérations mondiales de TNT.
« En Europe, le hub FedEx CDG a eu plus de volumes à gérer que d'habitude. Malheureusement, d'autres facteurs ont affecté les opérations au hub ces dernières semaines, ce qui a entraîné un retard dans le tri des colis », explique l'entreprise, sans donner plus de précision sur l'ampleur des retards.
Qui sont ces salariés ? Des « volontaires de FedEx et de TNT » venus d'Europe « pour soutenir les équipes françaises », affirme le groupe. Quels sont les contrats signés ? A quel article du Code du travail se réfère cet appel à des renforts étrangers ? Pas de réponse. « Certaines choses relèvent de la politique interne », répond FedEx, précisant que ce « plan de contingence » devrait se poursuivre jusqu'à amélioration de la situation.
Pour les syndicats, ces arguments ne tiennent pas. « Oui, il y a bien des colis en souffrance. Et oui, la cyberattaque n'a pas arrangé les choses. Mais depuis le rachat de TNT, on travaille à flux tendu car nous sommes toujours en sous-effectifs. C'est simple : il faut embaucher et ne pas se contenter de faire appel à des intérimaires qui sont tout de même près de 200 toute l'année. Et même plus en période de pic », répond Anthony Renaud.
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« D'autant que ce n'est pas la première fois. En 2011, quand nous avons débrayé, FedEx a fait appel à des salariés d'autres hubs européens », se rappelle Collin Serin. En octobre dernier, la direction a pourtant annoncé 200 M€ d'investissements pour doubler la capacité du hub de Roissy et créer 200 à 400 emplois en 2019 sur un site qui compte déjà 2 500 salariés. Pas suffisant pour rassurer les syndicats. « Avec cette fusion, on craint pour nos emplois », affirment les syndicats.