Le téléphone intelligent est pratiquement devenu un appareil indispensable pour ses nombreuses applications et fonctions. Un scientifique originaire de Saint-Étienne-des-Grès, Jean-Sébastien Boisvert, pousse l’audace encore plus loin. Il tente de développer une nouvelle plateforme intégrée en utilisant la photonique afin de rendre les téléphones intelligents, encore plus intelligents.
L’étudiant au cycle supérieur en génie physique de la Polytechnique de Montréal se penche actuellement sur la conception de senseurs optiques invisibles dans les écrans des téléphones intelligents.
Son projet de recherche consiste à développer, d’ici deux ans, le savoir-faire permettant l’intégration de ces nouveaux senseurs. Ceux-ci pourraient permettre de mesurer le pouls cardiaque, la pression sanguine, le taux de glycémie et d’insuline, d’identifier la présence d’un pathogène et bien d’autres, à partir d’un simple téléphone cellulaire.
«On veut amener le téléphone cellulaire à un autre niveau. On souhaite qu’il devienne un instrument de diagnostic sur place dans la vie de tous les jours. On doit créer le nouveau dispositif et trouver le moyen de l’intégrer à l’intérieur du téléphone de manière à le rendre invisible. Le plus compliqué, c’est de composer avec le défi d’espace. Il faut écrire une structure photonique à l’intérieur avec de la fibre optique et un guide d’ondes», explique Jean-Sébastien Boisvert.
«On veut amener le téléphone cellulaire à un autre niveau»
Cette avancée technologique s’inscrit dans le concept de la télémédecine. Une fois connecté, cet appareil pourrait recueillir de l’information importante sur le suivi de l’état de santé d’un patient pour ensuite la transmettre à distance et en temps réel à un professionnel de la santé.
«Ça permettrait de faire des suivis actifs des patients et de faire de la prévention active», confie le candidat au doctorat en génie physique de la Polytechnique de Montréal.
Vers un alcootest intégré
De plus, l’étudiant souhaite pousser suffisamment la recherche afin de munir le cellulaire d’un alcootest intégré, d’un senseur de température et d’ajouter une fonction qui permettrait de déterminer les caractéristiques et l’indice de réfraction de la matière.
Pour y parvenir, l’équipe de recherche, composée de cinq étudiants, dont M. Boisvert, se base sur l’oxymètre de pouls, un senseur déjà intégré au cellulaire.
«Il est déjà très populaire et c’est un exemple parfait d’intégration au cellulaire. Notre but, c’est de développer d’autres projets qui visent à ajouter de nouvelles fonctionnalités en utilisant la lumière et la photonique. La fibre optique occupe toujours une place importante dans nos projets de recherche», mentionne le chercheur.
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Un marché en croissance
En 2017, 45 % de la population mondiale possédait un téléphone. Il est d’ailleurs prévu qu’en 2022, 53 % de la population aura un cellulaire, révèle Jean-Sébastien Boisvert.
Le saviez-vous?
Évoluant dans le secteur des hautes technologies, Jean-Sébastien Boisvert est récipiendaire de la prestigieuse bourse de la Fondation des Anciens de Shawinigan pour l’année 2017 et de la bourse de l’Association des diplômés de la Polytechnique en 2018.
«La Chine devient un marché très important, l’Inde aussi. Pendant que le marché est en forte croissance, on commence à être aux limites du téléphone en termes de batteries, de caméras et de mégapixels. La caméra est déjà plus performante que l’optique qu’on met devant. Maintenant, ça prend de nouvelles idées et de nouvelles fonctionnalités. Nous, ce vers quoi on se dirige est justement une avenue!»
Toutefois, le scientifique reconnaît que le niveau de difficulté est assez important pour réaliser ce projet, compte tenu que les appareils sont de plus en plus minces et petits.
«C’est très difficile d’augmenter les fonctionnalités du téléphone par l’intégration. Par contre, c’est une merveille technologique pour l’optimisation d’espace. Chaque fois qu’on veut appliquer un nouveau senseur, il faut trouver de l’espace et réduire des pièces. Ce qui est original et unique à notre projet de recherche, c’est qu’on utilise déjà du matériel qui est existant et de l’espace gaspillé ou qui n’a pas encore été investigué», répond M. Boisvert.
Ce dernier utilise dans ses projets l’écriture laser femtoseconde, un procédé qui permet de modifier avec un laser la matière pour lui donner certaines propriétés.
Collaboration avec les universités
En matière de recherche et développement, les fournisseurs de cellulaires démontrent généralement de l’intérêt à collaborer aux travaux des universitaires dans ce domaine, et ce, même si la lutte que se livrent les compagnies est féroce pour l’obtention des parts de marché. À cet effet, le laboratoire de la Polytechnique de Montréal a dernièrement réussi à collaborer avec l’entreprise Samsung et n’écarte pas la possibilité de répéter l’expérience.
À la fin de ses études, le Stéphanois entend continuer d’évoluer dans la recherche et le développement.