Le gouvernement français redoute ouvertement une cyberattaque aux effets catastrophiques

Dans le secteur de la sécurité informatique, on est habitué depuis des années à entendre un discours alarmiste. Mais la tonalité des propos tenus cette année, à l’occasion de la conférence FIC 2019 à Lille, est particulièrement sombre, à commencer par ceux de Guillaume Poupard, directeur général de l’ANSSI. Le haut fonctionnaire parle sans détour d’un « état d’urgence ». « Aujourd’hui, la grande crainte que l’on a, c’est que l’espace numérique pourrait se militariser et on observe des attaquants de très haut niveau, probablement des Etats, qui rentrent dans les réseaux et prépositionnent des charges pour éventuellement faire la guerre demain », explique-t-il lors d’une conférence de presse.

La sécurité physique mise en danger

Le sabotage potentiel d’infrastructures critiques fait frémir les responsables gouvernementaux. Pour cause, de telles intrusions informatiques ont déjà été remarquées début 2018 au sein du secteur énergétique français, dans des réseaux où manifestement « il n’y avait pas de données à voler ». En d’autres termes, nous sommes en train d’assister aux préparatifs d’une future guerre informatique qui « va avoir lieu au sein des réseaux informatiques, sachant que dans ce domaine, on peut faire autant de dégâts que de manière conventionnelle », souligne le directeur général.

A Paris, le chef d’Etat-major des armées, le général Lecointre, avait ensuite exposé une partie de la doctrine militaire de lutte informatique offensive (LIO), que la ministre a résumé une nouvelle fois à Lille.
L’idée, clairement, est de montrer ses crocs et de dissuader les éventuels attaquants de passer à l’action. Cette doctrine permet ainsi de surveiller, perturber et neutraliser les capacités de l’ennemi et de riposter aux attaques dans le respect du droit international.
Elle permet également de tromper l’ennemi en altérant ses perceptions et ses capacités d’analyse (déception). L’existence de ce volet offensif n’est pas nouvelle. Il figurait déjà dans la loi de programmation militaire. Ce qui est nouveau, c’est que le gouvernement revendique publiquement l’emploi de cette force. « La guerre cyber a bel et bien commencé. Nous ne serons ni naïfs, ni aveugles », a martelé Florence Parly à Lille.

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