A l’exception du bureau central rue Auguste-Gillot, tous les autres bureaux de Poste dionysiens sont actuellement fermés. Une situation qui n’est pas sans conséquence et qui pourrait empirer alors que les minimas sociaux vont être versés.
En raison de la crise sanitaire, la Poste tourne au ralenti et ça se voit. Tout d’abord dans les boîtes aux lettres où le courrier n’est désormais plus distribué que les mercredis, jeudis et vendredis. L’envoi de colis s’en trouve particulièrement impacté ainsi que la distribution des journaux. Mais c’est finalement plus le banquier postal que le facteur qui fait défaut. Le 30 mars sur sa page Facebook la Confédération national du logement (CNL) Saint-Denis, s’émouvait en ces termes de la situation: « Pour le quartier Saussaie-Floréal-Courtille-Mutualité et ses environs, soit plus de 3 000 familles, il n’existe qu’un seul distributeur automatique de billet (DAB) celui de la Poste. Or ce distributeur n’est plus alimenté en cash depuis deux semaines. Sur la ville de Saint-Denis, seul le distributeur de la poste principale fonctionne. Nous sommes en fin de mois, de nombreuses familles vont avoir besoin de cash pour payer leurs dépenses mensuelles. Selon la direction de la Poste, il va falloir attendre la fin du confinement pour que ce DAB soit réapprovisionné en billet.
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Cela n’a pas de sens. D’un côté, on nous demande de rester chez nous, de limiter nos déplacements au minimum tout en respectant des distances d’au moins un mètre et de porter un masque. D’un autre côté, on nous oblige à prendre le bus avec des voyageurs qui respectent plus ou moins les consignes de base, à rester dehors au moins une heure, à faire la queue très longtemps devant un DAB sans pouvoir respecter les consignes d’éloignement (...) On marche sur la tête. Les responsables de la Poste doivent prendre conscience que leur décision, au lieu de prévention, contribue au contraire à la propagation du virus. »
Un bureau pour 190 000 habitants
En Seine-Saint-Denis seuls 37 bureaux de Poste restent ouverts, dont un seul des six bureaux dionysiens. Circonstance aggravante les habitants d’Epinay-sur-Seine, L’Ile-Saint-Denis, et Villetaneuse, littéralement privés de bureau, se rabattent sur Saint-Denis central, facile à rejoindre en transport depuis leurs villes respectives. Un bureau de Poste pour 190 000 habitants, dans un territoire où comme le rappelle le maire Laurent Russier, dans un communiqué en date du 31 mars, « la Poste est l’acteur bancaire indispensable à des milliers de familles. » Si l’élu dit comprendre la réduction de l’activité dans le cadre de la crise sanitaire, il alerte sur la nécessité de maintenir un service minimum : « La fermeture des bureaux et la non-alimentation des DAB les mettent gravement en difficulté. Cela génère aussi d’importants déplacements et files d’attente devant le bureau principal, au mépris des règles de confinement et de distanciation sociale. Cette situation est particulièrement préoccupante dans les quartiers Floréal et Franc-Moisin où il n’existe pas d’autres offres bancaires. Elle est aussi très inquiétante à la veille du versement des prestations sociales. »
Vers un lundi noir ?
La crainte c’est celle d’un lundi noir, le 6 avril au bureau de Poste central, alors que de nombreux usagers, en mal de liquidité et dépourvus de carte de crédit, n’ont d’autres possibilité que de retirer l’argent versée sur leur compte au guichet. En prévision de la forte affluence, les agents du centre technique municipal ont d’ores et déjà posé des barrières et des marquages aux sols aux abords du bureau, mais la situation pourrait s’avérer tendue, juste sous les fenêtres du commissariat. Une situation potentiellement explosive que la Poste tente de désamorcer. « Nous allons anticiper le versement des allocations sur les comptes dès le 4 avril, assure Hervé Morland délégué territorial à la Seine-Saint-Denis pour le groupe postal. Ainsi une partie de nos clients pourront retirer du liquide dès samedi et on espère ainsi réduire les files d’attente lundi. On compte aussi sur le civisme de chacun et sur l’appui de la police municipale. Nous avons aussi des vigiles dans les bureaux pour que ça se passe le mieux possible. » Et la réouverture de bureaux ou l’alimentation des DAB réclamés par les usagers et le maire ? «Le bureau République fermé depuis le 23 mars, suite à une suspicion de cas de coronavirus dans les équipes, pourrait peut-être rouvrir lundi 6 avril, espère Hervé Morland, qui précise. Les bureaux sont fermés par manque d’effectif. On regroupe nos personnels sur les bureaux à forte capacité. Pour les distributeurs automatiques on va essayer de les charger même si les bureaux dont ils dépendent restent fermés, mais ce n’est pas garanti à 100%. Pour ce qui est de Floréal, on a un problème avec le transporteur. »
Le coronavirus continue de faire son œuvre de révélateur des inégalités sociales, dans un pays où le confinement n’est pas partout vécu de la même façon.
Yann Lalande
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