FedEx met la main sur TNT Express

Mariage au sommet dans le transport express. Les détenteurs de titres TNT Express avaient jusqu'au 13 mai pour céder leurs actions à FedEx et donner naissance au n°3 européen (derrière DHL et UPS) et au n°2 mondial du secteur. C'est chose faite. "Toutes les conditions de l'offre ont été satisfaites ou abandonnées. L'accord final aura lieu le 25 mai 2016", ont déclaré les deux groupes dans un communiqué commun publié mercredi.

A l'issue de la date butoir pour l'appel d'offres (vendredi à 15h40 GMT) "88,4% du nombre total des actions ont été apportées à l'offre publique d'achat amicale de FedEx officiellement lancée en août (*), pour un montant total de 3,88 milliards d'euros.

"Ensemble, nous allons transformer l'industrie mondiale du transport, en connectant davantage de gens et [en offrant davantage ] de possibilités dans le monde entier", s'est réjoui David Bronczek, le président et directeur exécutif du géant de la messagerie basé à Memphis (Tennessee).

De fait, sur le papier l'ensemble Fed-Ex-TNT Express impressionne : 5 millions de livraisons par jour dans le monde, un chiffre d'affaires de plus de 52 milliards de dollarsavec un effectif de plus de 220.000 salariés. Et les synergies s'annoncent prometteuses, tant le profil de chaque groupe est "typé". FedEx réalise en effet plus de 60% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, tandis que 75% de l'activité de TNT dépend de l'Europe.

Rivaliser en Europe avec UPS et DHL

Surtout, grâce à TNT Express, qui possède un réseau d'agences de messagerie routière sur le Vieux continent, FedEx _ qui jusqu'ici n'opère en propre que la partie aérienne des parcours express pour l'Europe mais sous-traite à des tiers le maillon essentiel de la livraison routière finale _ va en effet pouvoir se hisser à la hauteur de ses rivaux, l'américain UPS et l'allemand DHL sur le marché européen de la livraison de colis (voir les parts de marchés 2014 estimées ci-dessous).

Pour éviter tout doublon avec FedEx sur le segment aérien, TNT Express a conclu en février dernier un accord avec le groupe ASL Aviation pour lui vendre ses activités de transport aérien, à savoir : les compagnies TNT Airways (Belgique) et Pan Air Líneas Aéreas (Espagne), soit 25 appareils. La transaction, dont le montant n'a pas été rendue publique, était subordonnée à la finalisation de l'OPA.

Et il y a urgence. Déjà confrontés à la concurrence d'Amazon (voir encadré) sur fond d'essor continu du e-commerce, les groupes européens de services postaux et de livraison express de colis, comme DHL, PostNL, Chronopost (La Poste) ou Royal Mail, pourraient bien demain faire face à celle d 'Uber et d'autres start-up intéressées par ce marché.

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Pertes récurrentes chez TNT

Pour TNT Express qui emploie 56.000 personnes, il était temps de sortir du marasme. Depuis l'échec de son rapprochement avec UPS en 2012, bloqué par la Commission européenne, le groupe batave accumule les pertes. Après des coûts de restrucuration de 113 millions d'euros l'an passé, le groupe néerlandais a réduit sa perte nette à 50 millions d'euros (après une perte de 195 millions en 2014) pour un chiffre d'affaires de 6,91 milliards d'euros (+3,5 %). Au premier trimestre 2016, le groupe dirigé par Tex Gunning accusait toujours une perte nette de 14 millions d'euros pour un chiffre d'affaires en recul de 2,2%, à 1,59 milliard d'euros et 30 millions d'euros de nouvelles charges de restructuration sont encore à imputer sur les comptes du deuxième trimestre.

Rien de tel chez FedEx qui, pour son exercice clos fin mai 2015, a dégagé un bénéfice "ajusté" de 2,57 milliards de dollars en année pleine ( 1,050 milliard de bénéfice net) pour un chiffre d'affaires de 47,5 milliards de dollars. "Notre dynamique financière positive devrait se poursuivre au cours de l'exercice fiscal 2017" qui débute en juin, affirmait en mars directeur financier de l'expressiste, Alan Graf, en assurant qu'il tablait sur une croissance "solide" de ses bénéfices et de sa trésorerie.

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