De gauche, gay et athée, Robert Biedron veut bouleverser la politique polonaise

Avec notre correspondant à Varsovie, Thomas Giraudeau,

Ce 3 février après-midi, à Varsovie, plus de 6 000 personnes vont assister au discours de Robert Biedron. L’homme atteint désormais un score à deux chiffres dans les sondages, derrière Droit et Justice, le parti au pouvoir, et l’opposition de la Plate-forme civique.

Une dynamique qui ne surprend pas Jaroslaw Kuisz. « Toute la génération qui se bat maintenant, Plate-forme civique et Droit et Justice, du point de vue historique, ils sont dans le même camp : l’opposition politique anticommuniste », rappelle cet analyste politique de Varsovie. Alors que de son côté Robert Biedron « vient de gauche. Il a une force médiatique énorme. Il a l’air de représenter des générations futures ».

Mais son programme est plutôt radical pour la Pologne : il prône notamment une séparation stricte de l’Église et de l’État, veut arrêter le financement public des cours de religion. Et puis, dans un pays très catholique, on peut se demander si son homosexualité peut-être un obstacle à son ascension politique. Jaroslaw Kuisz ne le pense pas, car « la société polonaise se libéralise, de moins en moins de gens vont à la messe ». Surtout, il estime que même les détracteurs de l’élu quadragénaire le trouvent « crédible ». Et ce, paradoxalement, « parce qu’il a fait son coming-out » et que les Polonais « le respectent pour cela ».

Pour espérer remporter une élection, Robert Biedron est cependant condamné, pour l’instant, à s’allier avec les conservateurs modérés de la Plate-forme civique. Et certaines de leurs idées sont aujourd’hui assez éloignées des siennes.