Coronavirus : bras de fer entre La Poste et Sud PTT

 

FOCUS – Une nouvelle fois, Sud PTT Isère-Savoie interpelle la direction de La Poste sur les solutions de sécurité sanitaire jugées insuffisantes face à la crise du coronavirus. Mardi 17 mars, des agents ont ainsi exercé leur droit de retrait, quand bien même la direction leur refuse ce droit au nom de la continuité du service public. De nouvelles mesures de protection auraient été mises en place suite à une réunion.

 

 

« Une bouteille d’eau, un paquet de Kleenex et un sac poubelle ». Telles sont les solutions de sécurité proposées à ses employés par La Poste face au coronavirus, selon le syndicat Sud PTT Isère-Savoie. Après une première interpellation la semaine dernière, les syndicalistes ont haussé avec le début de la période de confinement mardi 17 mars. Et annoncé que certains agents exerçaient leur droit de retrait, « malgré les menaces des managers ».

 

Facteur, un métier dangereux en période d’épidémie de coronavirus ? © Place Gre’net

 

Les facteurs estiment en effet être insuffisamment protégés du virus. « Ils demandent simplement un kit de base pour se désinfecter (masques, gants, gel) et la réduction du temps d’exposition au risque en diminuant la charge de travail au maximum », écrit Sud PTT. Autre exigence ? Adapter la distribution en fonction des priorités. « Quelle est l’impérieuse nécessité de distribuer des publicités ? », s’interroge ainsi le syndicat.

 

 

Le droit de retrait interdit aux postiers

 

Des menaces ? Sud PTT note que « dans certains centres, la direction, au mépris de la loi, interdit les droits de retrait ». Ce serait notamment le cas à Villard-de-Lans, où des personnes porteuses du coronavirus auraient été identifiées, selon les habitants : celui d’une caissière à Intermarché et une ou plusieurs au lycée climatique Jean Prévost.

 

Le tout, insistent les syndicalistes, sur fond de demandes de réunion non suivies d’effet. « En ne prenant aucune mesure sérieuse, en ne voulant pas dialoguer avec les représentants des postiers, [la direction] met en danger ses personnels », dénoncent-ils.

 

Logo de La Poste. © Joël Kermabon – Place Gre’net

 

Pas de droit de retrait pour les postiers ? La Poste confirme. « L’employeur a mis en œuvre les dispositions prévues par le code du travail et les recommandations nationales visant à protéger la santé et à assurer la sécurité de son personnel », écrit-elle. En insistant sur sa mission de service public, ainsi que sur « son rôle de maintenir le lien et les contacts entre les concitoyens, au moment où ils en ont le plus besoin. »

 

Et la direction générale de contester ne pas proposer de solutions de sécurité sanitaire. « Les mesures et gestes barrières comme les règles de distance de courtoisie, les salutations sans contact, le lavage fréquent des mains avec de l’eau et du savon sont strictement appliquées », affirme-t-elle. Tout en rappelant, message largement diffusé, que le port du masque n’a pas d’utilité pour les personnes qui ne sont pas malades.

 

 

Remise des colis contre SMS

 

Autre mesure : limiter au maximum les contacts rapprochés, par exemple lors des remises de colis ou de lettres contre signature. « Aujourd’hui, le travail quotidien des facteurs se fait sans contact physique afin de préserver la santé des postiers, comme celle des clients », assure La Poste. La procédure ? L’envoi d’un SMS avec demande d’accord pour déposer le colis dans la boîte à lettres ou devant la porte du destinataire.

 

La Poste Chavant compte parmi les bureaux ouverts durant la période de confinement. © Florent Mathieu – Place Gre’net

 

Et en cas d’absence de numéro de téléphone ? Le communiqué de La Poste ne fait pas mention de ce cas de figure… mais précise que, sauf accord, le colis attendu sera mis en instance avec avis de passage. À noter que tous les bureaux de poste ne sont pas ouverts. Le mardi 17 mars, sur l’ensemble du département de l’Isère, seule une vingtaine de bureaux accueillaient le public, dont cinq sur Grenoble.

 

Suite au droit de retrait de certains agents, une réunion organisée le 17 mars a finalement permis de convenir d’une système de « prise de service décalée (…) afin de limiter le nombre de personnes présentes en même temps durant la phase de tri ». Une priorisation du courrier aurait également été instituée. Des solutions, conclut La Poste, qui auraient obtenu « l’assentiment des agents qui ont déclaré reprendre le travail ».

 

 

Des suspicions de cas de coronavirus dans un centre de Moirans

 

Ce n’est pourtant pas ce qu’indique Sud PTT. Dans un nouveau communiqué en date du mercredi 18 mars, le syndicat affirme, au contraire, que « de nouveaux centres utilisent leurs droits de retrait ». Et de citer ceux de Moirans, de Morestel ou de Saint-Laurent-du-Pont. Tandis que dans d’autres bureaux, des agents font valoir leur droit de retrait à titre individuel.

 

Des agents de La Poste sur le parking du centre de Moirans. © Sud PTT Isère Savoie – Facebook

 

L’inquiétude est notamment montée d’un cran à Moirans. Dans ce centre qui emploie près de 80 personnes, « plusieurs suspicions de cas [de coronavirus] sur le bureau n’entraînent… aucune réaction de la direction », dénonce le syndicat. Le personnel a décidé de cesser le travail au nom de sa sécurité et de se réunir sur le parking du centre pour faire valoir sa colère.

 

« Les facteurs souhaitent organiser leur travail avec seulement le courrier prioritaire. Ils demandent simplement un kit de base pour se désinfecter (masques, gants, gel) et la réduction du temps d’exposition au risque, en diminuant la charge de travail au maximum en organisant le travail un jour sur deux », conclut Sud PTT.

 

Florent Mathieu

 

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