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Depuis le 12 mars, LaPoste.fr, le site e-commerce de La Poste, propose une place de marché en ligne dédiée à l’expédition de documents et de colis. Elle est accessible aux particuliers comme aux professionnels, et a été testée en bêta pendant les deux semaines précédentes. Cette marketplace a été conçue autour d’une vision en cohésion avec la maison mère, qui se définit comme "une entreprise de services de proximité humaine". "Nous avons voulu insuffler les valeurs de La Poste, qui sont la confiance et la proximité, et que cette marketplace doit incarner", explique Sylvie Latour, directrice e-commerce, Branche Numérique du Groupe La Poste.
L'objectif est de concentrer "en un seul et même site internet une gamme étendue de produits et de services autour de l’expédition" pour devenir un canal d’achat plébiscité. "C’est un nouveau métier pour nous, nous devons apprendre à optimiser progressivement. Nous ne sommes pas un pure-player", ajoute Delphine Darracq, directrice marketplace et new business de la direction e-commerce. Le groupe français a bénéficié de l’expertise de la société française Mirakl pour mener ce projet, dont L’Usine Digitale expliquait la genèse il y a environ un an.
Contrôler la qualité des vendeurs, un enjeu essentiel
La marketplace est organisée en 10 univers, dont les enveloppes et l’emballage, les fournitures de bureaux ou la carterie et l’imprimerie. Elle sera complétée au fur et à mesure par d'autres univers, dont celui de La Monnaie de Paris, en cours d’intégration, et les objets high-tech (téléphones, ordinateurs reconditionnés…), prévus pour le deuxième semestre. Les vendeurs tiers, actuellement au nombre d’une quinzaine, sont tous des partenaires spécialisés. On y trouve notamment Raja, spécialiste de l’emballage professionnel, sa filiale JPG, spécialisée dans les fournitures de bureau et de l’aménagement des espaces de travail, Decayeux, fabricant français de boîtes aux lettres, ou encore Bluedigo, une plate-forme de vente de fournitures et mobilier éco-responsables ou de seconde main.
Comment Mirakl automatise la gestion des vendeurs tiers
Le projet d’une place de marché a été mis en place avec l’éditeur de solutions marketplace Mirakl. La plate-forme intègre une brique de KPI qui permet de sélectionner les vendeurs, puis de monitorer leurs comportements afin de s’assurer de la qualité de leurs services. Par exemple, répondre à un client dans les 2 jours, valider un achat dans les 2 jours également, ou livrer un produit dans les 5 jours. Pour cela, l’opérateur définit ses critères, qu’il peut faire évoluer, sur la plate-forme. Le comportement des vendeurs est alors analysé, jusqu’à établir via des indicateurs algorithmiques un classement des meilleurs, qui seront automatiquement recommandés. Et ceux qui ne respectent pas les conditions fixées seront exclus.
Si certains vendent déjà sur des marketplaces, d’autres, comme Raja, ont pour la première fois voulu "tester le canal avec un tiers de confiance comme La Poste et être accompagné", poursuit Delphine Darracq. Tous ces marchands répondent néanmoins à des critères bien définis. Ce sont des entreprises européennes dont les produits doivent répondre à l’ADN de La Poste, ils doivent proposer une offre pour les professionnels, et enfin respecter les conditions générales de vente, "c’est-à-dire l’expérience d’achat qui a été fixée par l’opérateur", explique Philippe Corot, directeur de Mirakl. Ces critères sont vérifiés et gérés de manière automatisée par Mirakl (voire encadré). Un enjeu d’autant plus important que le nombre de vendeurs devrait progresser, selon les objectifs de LaPoste.fr communiqués en avril 2019, jusqu'à environ 200 à l’horizon 2021.
Une intégration technique complexe
Prévue pour l’automne dernier, l’ouverture de la place de marché s’est donc effectuée avec quelques mois de retard. "La mise en ligne a été retardée car l’intégration est plus longue et plus complexe lorsqu’on part d’une architecture technique existante, avec des partis-pris sur lesquels on revient, explique Delphine Darracq. Par exemple, nous avons dû revoir la fiche produit. On ne vend pas un timbre comme on vend une imprimante, le processus de mise au panier est différent". Pour Philippe Corrot, le nombre d’interactions avec le système existant est très élevé lorsqu’on lance une place de marché. "Le projet permet alors de remettre à plat un certain nombre de briques existantes et essentielles, comme le paiement et la sécurité".
"Le lancement d’une place de marché est un vrai projet de transformation, qui a un impact sur toute la chaîne de valeur. Il faut donc du temps pour tester la solidité de l’ensemble", insiste Philippe Corrot. Côté paiement, La Poste a choisi la solution marketplace d’eZyness [l’établissement de paiement et de monnaie électronique de La Banque Postale, NDLR] pour garantir la sécurité des transactions. La livraison des commandes est assurée par Colissimo ou Chronopost.
Une version pour mobile bientôt disponible
L’offre devrait être progressivement élargie pour atteindre plusieurs centaines de milliers de références d’ici à trois ans. Côté fonctionnalités, la version mobile sera mise en production fin avril. D’autres fonctionnalités sont prévues, liées aux avis produits et à l’amélioration du moteur de recherche. "C’est une première brique. Il faudra ajuster le catalogue à la demande et surtout proposer l’expérience la plus fluide possible", annonce Delphine Darracq.
LaPoste.fr revendique 20 millions de visiteurs uniques mensuels et un chiffre d’affaires de 213 millions d’euros en 2019. Cette nouvelle offre, qui s’inscrit dans un plan global de transformation digitale, devrait constituer un nouveau levier de croissance. La Poste.fr espère à moyen terme se positionner comme le site référent de l’envoi.
Aude Chardenon @ChardenonA