Révélé par la superbe mais méconnue série médicale The Knick (2014-2015), André Holland s’est fait un nom à Hollywood grâce à Moonlight de Barry Jenkins (2016), où il incarnait le meilleur ami du héros. Vu récemment dans la série inspirée par Stephen King Castle Rock, il retrouve Steven Soderbergh, pour son deuxième film tourné à l’iPhone après Paranoïa. High Flying Bird, écrit par le co-scénariste de Moonlight, Tarell Alvin McCraney, met en scène un agent de basketteurs à New York, qui tente de mettre fin à un lockout, un conflit entre les joueurs et la NBA, la ligue professionnelle américaine. Un drame technique, exigeant, qui porte une réflexion captivante sur l’industrie du sport.
Quel genre de metteur en scène est Steven Soderbergh ?
Le genre qui fait confiance à ses acteurs, et qui a l’humilité de les laisser jouer. Il les dirige, bien sûr, mais leur laisse une grande liberté, et ça fonctionne parce qu’il s’applique à choisir les bons comédiens, qui sauront tirer le meilleur de sa vision. J’adore ça, faire des propositions, être actif, pouvoir prendre en main mon personnage.
De vrais joueurs professionnels témoignent face caméra. Est-ce à dire que High Flying Bird a une ambition documentaire ?
Pendant le dernier lockout en date, en 2011, certains agents ont essayé de monter des matchs en marge de la ligue, et des joueurs comme Amar’e Stoudamire ont même émis l’hypothèse de lancer une autre compétition autogérée. Il y a une longue tradition d’athlètes résistant aux pouvoirs en place, et particulièrement d’athlètes noirs, dont parle très bien le livre de Harry Edwards, The Revolt of the black athlete, autour des jeux Olympiques de 1968 notamment. Edwards est un sociologue et un activiste qui aujourd’hui soutient Colin Kaepernick, ce joueur de football américain qui a mis un genou à terre durant l’hymne américain. La preuve que High Flying Bird s’inscrit dans une discussion qui dure depuis plusieurs décennies…
High Flying Bird, de Steven Soderbergh, sur Netflix.